jeudi 25 avril 2013

Mon étiquette c’est ma face lette


- Maman, jai quelque chose à te demander.

Habituellement, quand  fiston introduit une demande de cette façon, ça sent la demande de privilège.

- Est-ce que tu me trouves fatigant?
 
Me voilà pantoise.

- Euh, non pourquoi?
- Parce que des fois, on dirait que oui!

Ça fait trois jours que le mot résonne dans ma tête : Fatigant, fatigant, fatigant. Avec de l’écho en plus. Pour vous dire.

C’est vrai, souvent j’ai l’air excédée. Pas par mon fils. Par son comportement. Il y a une nuance ici. Mais, comment faire comprendre cette subtilité à un gamin de neuf ans? Même moi, en tant qu’adulte, j’arrive difficilement à ne pas remettre tout mon être en question lorsqu’on m’adresse un repproche sur mon attitude. Dans ma tête, ça donne souvent : « Ben c’est ça, je suis juste bonne à rien! ». Le drame quoi! Et, pourtant, si je ne me laissais pas dominer par mes émotions, je capterais le bon message : Nancy, tu dois ajuster ton comportement. Point. Ben non, au lieu de ça je me sens juste bonne pour la poubelle! Susceptibilité quand tu nous tiens!

Reste que je ne suis pas plus avancée. Pourtant, j’ai pris la peine d’expliquer calmement à Raph qu’il doit apprendre à se calmer. Mais, quand je dois intervenir après un, deux, trois avertissements, je deviens moins calme. Suis-je le seul parent au monde qui, après avoir répété cent fois, a du mal à user de son autorité sans laisser courir un certain rictus sur son visage? Il me semble que l’un ne va pas sans l’autre. Ça manquerait de crédibilité d’imposer les règles d’un air ravi, non?

Alors, oui, j’emploie mon ton exaspéré et je sors ma face lette quand vient le temps d’intervenir. Et, comme je dois le faire régulièrement, j’ai l’air plus souvent qu’à mon tour à boutte. Résultat, Raph croit que je le trouve fatigant. C’est un sentiment déplaisant, mais nécessaire.

Être un parent est un grand paradoxe selon lequel l’amour et la discipline s’allient et s’aliènent étrangement. Selon leur point de vue, on semble insensible quand on corrige nos enfants afin qu’ils deviennent de bonnes personnes. Pourtant, on veut qu’ils deviennent de bonnes personnes parce qu’on les aime à la folie. Tant qu’ils ne savent pas que nous faisons ça pour leur bien, on est un peu pogné avec l’étiquette de la face lette…

mardi 16 avril 2013

On naît en poudre et on le redeviendra


Il y a des sorties beaucoup moins réjouissantes que d’autres. Comme aller au salon funéraire. C’est malheureusement l’activité à laquelle mon amoureux a dû s’adonner dimanche. Ça tombait tellement mal. Pour une fois que le printemps s’était décidé à jouer au printemps cette année. Mais, ce genre d’événement ne se commande pas. On ne choisit ni quand, ni comment on mourra. Quoi que, oui, certaines personnes s’imposent ce choix. Je pense à ces jeunes, victime d’intimidation, qui en sont venus à cette triste conclusion. Je pense à eux et à tous les autres malheureux qui n’ont trouvé d’autres alternatives pour mettre fin à leur souffrance.  Pourquoi suis-je si morose? Probablement à cause de l’odeur de mort inutile qui plane sur notre société. Surtout, je songe à ce petit bonhomme de 8 ans venu encourager fièrement son papa au fil d’arrivée du marathon de Boston et qui y a laissé sa vie. Huit ans… À peine plus jeune que mon Raph. 

À-travers cette désolation, on arrive toujours à décrocher un sourire, surtout quand Raph s’en donne à cœur joie dans les images naïves. À son retour du salon funéraire, mon amoureux a eu droit à toute une série de questions. La mort est intriguante pour un enfant :

- Hé Max, est-ce que tu as vu ton ami?
- Euh, non Raph, il est mort.
- Ha ok. Et, est-ce qu'ils l'ont mis en poudre?
- Tu veux savoir si on l'a incinéré?
- Ben, est-ce qu'ils l'ont brûlé et mis dans une boîte?
- Oui, c'est ça.
- Ben c'est ça, ils ont mis ton ami en poudre.

C’est une manière de voir les choses…