mercredi 30 avril 2014

Bon voyage Loulou!

Loulou, née Whippet, est décédée le 29 avril 2014.

« Maman, on dirait que ça me fait pas tant que ça quelque chose. Ben, un peu là, mais pas tant que ça ».

Je peux comprendre, fiston. Tu n’as pas connu les meilleures années de Loulou. En fait, elles se sont probablement éteintes le jour où tu es rentré dans la maison. Pas qu’elle ne t’aimait pas. Elle n’aimait juste pas ton manque de délicatesse. Déjà, à 5 mois, tu lui tirais les moustaches et lui arrachais d’énormes touffes de poils. Sa belle fourrure blanche immaculée. Qu’est-ce qu’elle était belle ma Loulou!

Elle en a enduré des choses ma belle Loulou. À commencer par toi. Et, que dire de Cassonade et Charlotte qui lui ont réservé un accueil mitigé le jour où elle est devenue ma chatte. Elle, elle voulait simplement jouer avec eux. Pas eux. Ils voulaient la manger. Ils avaient adopté une stratégie de guet selon laquelle un félin se postait à un coin de l’appartement et l’autre, complètement à l’opposé. Juste devant les plats de bouffe. Pour pas qu’elle bouffe leur bouffe.  

Puis, elle a passé une année de sa vie à me voir brailler quasiment tous les jours. Ça, c’était à l’époque où toi et moi on s’est retrouvés seuls avec notre petit bonheur, rue Chambord. Elle l’a cherché pendant quelques jours ton papa.

Ensuite, ça été le déménagement. Les mouvements de corps, les chats, n’aiment pas trop. Mais Loulou, elle, elle n'aimait encore plus "pas trop ça" que la moyenne des chats. Elle gueulait tellement dans l’auto que tu t’es mis de la partie et t’as braillé, voire hurlé avec elle. Et là, un moment donné, y’a eu cette odeur immonde : elle s’est pissée dessus. De blanc, elle est passée à jaune. Eurk!

Enfin, Loulou a coulé quelques années de calme dans notre nouvel appartement. Elle s’y est faite et je pouvais ressentir son bien-être quand au beau milieu de la nuit, croyant que le tonnere s’était levé, je réalisais que Loulou ronronnait de satisfaction : c’était pas un chat, c’était un tank qui dormait avec moi.

Son repas préféré était le thon. Dès qu’elle entendait l’ouvre-boîte, elle réclamait son dû. Et, si j’avais le malheur de ne pas lui en donner –parce que j’avais ouvert une canne d’ananas- et ben, elle en avait pour des heures à bouder. Elle n’a jamais compris le principe selon lequel il y a autre chose que le thon qui vient en conserve. C’est de même un chat, ça comprend rien à rien. Et, Loulou ne faisait pas exception à la règle. Elle était conne.

Mais, tsé, une belle conne. Attachante en plus. Pis cute à souhait. Tous les visiteurs s’exclamaient devant sa prodigieuse beauté. Mais s’ils avaient le malheur de la prendre sans son consentement, elle se crispait, prenait panique et essayait de se déprendre de son ravisseur comme s’il venait de la martyriser à mort. Pas à l’aise pentoute dans les bras d’un étranger. Même pas dans les miens. Encore moins dans les tiens, Raph.   

À l’été 2010, on a emménagé dans le logement du bas du duplex qu'on occupait, et oncle Daniel a posé ses pénates dans le nôtre. Le drame toi! Pourtant, Loulou avait maintenant accès au jardin. Mais, les fleurs pis les moineaux, c’était pas trop son truc. Elle préférait de loin le sofa et le bois franc. Au-travers tout ça, le cycle de la vie a fait son œuvre : Charlotte nous avait quittés quelques mois avant le déménagement et ensuite, Cassonade. Là, Loulou était ben. Vraiment bien. C’était la reine de l’appartement. Mais, son règne fût de très courte durée. On lui a imposé Couscous. La nouvelle venue lui sautait sur la tête, mordait sa queue, l’emmerdait à fond la caisse!

Un jour, celui que tu appelles affectueusement Maxou, est venu vivre avec nous. Pis Léo. Son chat. Une autre affaire… On ne saurait dire si c’est à cause du caractère bouillant de Loulou, mais Léo a fugué après seulement quelques jours. Faut dire qu’elle n’était pas commode quand elle s’y mettait la vieille. Oui, car il faut l'admettre, avec le temps, Loulou est devenue une vraie mégère. Les années commençaient à faire leur œuvre : moins de patience, moins d’endurance.

Depuis quelques mois, Loulou semblait un peu mal en point. Elle marchait avec difficulté. Elle s’endormait partout, le dos recourbé, les poils moins lustrés. Souvent, on se disait qu’il fallait en finir avec sa souffrance. Et, quand on était décidés à la libérer, elle s’accordait un sursis : elle retrouvait de la vigueur et trouvait l’énergie nécessaire pour terroriser Elgros, le chat de monocle Daniel, qui s'aventurait chez nous.

Samedi dernier, Bosko est entré dans nos vies. Un mignon chiot absolument fou quand il voit un chat. Soit il les aime trop. Ou pas du tout. On ne sait pas encore très bien, on apprend à se connaître et on commence à peine à décoder nos langages respectifs. En tant qu’humains, on pense que Bosko veut jouer avec les chats. Les chats, en tant que chats, pensent qu’ils vont se faire tuer. Y’a comme une zone grise.   

Comme Loulou semblait nous dire qu’elle avait encore envie de sa vie, on avait décidé d’attendre de voir sa réaction vis-à-vis du bébé chien. 

Elle a été radicale et sans équivoque.

Loulou, née Whippet, est décédée le 29 avril 2014. À moi, ça m’a fait quelque chose de la voir partir. De la trouver inanimée dans un coin de ma chambre, après tout ce que nous avons vécu en 12 ans. 

J’espère que malgré tout ce que je t’ai fait endurer Loulou, tu as aimé ta vie de chat un peu folle avec moi. Envoie-nous toute ton énergie pour nous aider à notre tour, à endurer notre nouveau pensionnaire. Ton départ et son arrivée secouent un peu la maisonnée cette semaine. Mais, comme tu l’as si bien démontré tout au long de ta petite vie, on s’habitue à tout.   

Bon voyage Loulou!










vendredi 25 avril 2014

La vie en rose

En septembre, Raph aura un petit frère on une petite sœur. Le verdict du sexe de bébé devait tomber mardi dernier, mais il s’est avéré peu concluant. Même si le médecin croit avoir vu une fille, il n’a pas voulu se prononcer à 100% : « On sera plus sûr à la prochaine écho ». Argh… dans 12 semaines, c’est trop long !

Tout le monde à la maison a sa propre opinion : papa est convaincu que c’est une fille, maman est toujours ambivalente. De son côté, Raph continue de rêver à un petit frère et jure que si c’est une fille, il va l’aimer quand même.

C’est sûr fiston que tu vas l’aimer. Peut-être même plus que tu ne peux l’imaginer. Parce qu’une petite sœur, c’est fait pour être protégée. Tu te sentiras comme un super-héros lorsqu’elle te demandera de sauver sa poupée des griffes du malin petit voisin. Puis, le jour où les garçons commenceront à se faire trop insistants, tu seras celui qui refroidira leurs ardeurs. En tout cas, on compte sur toi.

Une petite sœur, c’est aussi fait pour être cajolée. Il y a fort à parier que tu adoreras glisser tes mains dans ses doux cheveux et pincer ses belles grosses pommettes roses en guise d’affection.

Une petite sœur, c’est aussi fait pour admirer les hommes de la maison. Je prédis qu’elle sera complètement gaga de son papa et qu’elle criera plus fort que les autres dans l’aréna lorsque tu partiras en échappé devant le filet de l’adversaire.

Et voilà que je suis déjà un peu jalouse à l’idée de perdre ma place de seule représentante féminine de la maisonnée. J’espère que tu continueras quand même à me tripoter le mou du bras en me disant affectueusement : « Ce que j’aime le plus de toi maman, c’est que tu 
« shakes ».

Une petite sœur, c’est aussi fait pour adoucir la rudesse des mâles. Pas question d’y donner des « bines » ou de lui faire la fameuse prise de l’homme crêpe. Compris les gars? Vous pourrez garder ça pour vous et en profiter pour diminuer la fréquence de vos scéances de défoulement. C’est une excellente nouvelle pour moi qui vois mon niveau de stress monter d’un cran chaque fois que ça vous prend. Des vrais enragés !

Mais, prépare toi Raph, car une petite sœur, ça peut aussi être détestable. Lorsque tu ramèneras une petite copine à la maison, il se peut bien qu’elle te regarde d’un air moqueur, en battant des cils et en lâchant des « wouuu ». Ça t’énervera au plus haut point. Et, imagine si elle tombe en amour avec ton meilleur ami : elle sera une vrai plaie. Toi et lui ne pourrez pas mater les filles sur internet sans qu’elle ne frappe à la porte à tout bout de champ pour un oui ou pour un non.

Toutefois, cela sera un moindre mal, car tu verras la vie en rose lorsque ta petite sœur, sans la pudeur habituelle d’un petit frère, te serrera très fort contre son cœur et te dira : « Je t’aime mon grand frère ».



vendredi 11 avril 2014

Raphy

Il y a des paroles qui ont plus de poids que d’autres. Des paroles émouvantes et  d’autres, malgré toute la désinvolture charmante avec laquelle elles sont prononcées, affolantes. En début de semaine, Raph a brillé dans la deuxième option. Déchirés nous étions, mon amoureux et moi, entre un sentiment de “Onnn, c’est donc ben cute” et de “T’es-tu MA-LA-DE!?”. 

Ça s’est passé à l’heure du dodo. L’heure des câlins et des mots doux. En m’enlaçant tendrement, il m’a tout bonnement demandé à quel âge il quitterait la maison. J’ai ri, lui confiant qu’il était beaucoup trop tôt pour penser à ça. Et, comme ça, spontanément, il a lancé un chiffre dans l’univers. Ce chiffre s’est avéré être le 42. 42 ANS? J’ai rétorqué:

“Ben voyons donc Raph?
- Mais maman, je veux rester avec vous très longtemps.”

Bon, ok, on prend une grande respiration et on relativise. La bonne nouvelle là-dedans, c’est que Raph doit vraiment se sentir bien à la maison pour vouloir rivaliser avec Tanguy. La moins bonne, c’est qu’on ne veut pas ça. Mais vraiment pas!  Ni pour lui, ni pour nous. Imaginez la gueule de ses conquêtes:

“Alors, on va chez toi ou chez moi?
- Ben, on peut aller chez mes parents.
- …”  


Et, je me vois tellement mal croiser cette dite conquête au sortir de ma chambre avec mes dents dans les mains. JAMAIS de la vie!

De toute manière, mon Tanguy en devenir à bien le temps de changer d’idée. D’ailleurs, je suis convaincue que l’envie de quitter le nid familial lui prendra plus vite que je n’ose l’espérer. Mon petit doigt me dit même que dans 2-3 ans, en pleine crise d’adolescence, il nous trouvera nuls mon amoureux et moi. À ses yeux, on sera les êtres humains les plus affreux de la terre. Ceux qui représentent l’autorité, les empêcheurs de liberté, les emmerdeurs, les casse-pieds, les plaies…

Alors, dans un élan de nostalgie mélancolique, je me rappellerai ce doux moment où Raphy rêvait encore, candide et vulnérable, de couler plusieurs années heureuses dans la maison familiale.