lundi 9 juin 2014

La grande déception

Séduire. Plaire. À tous. Absolument. Parfois, fléchir sous le poids de cette quête effrénée.

L’inaccessible étoile.

Une salle. 200 personnes. Des invités de marque.

Une scène. Moi. Que moi.

Je me sens petite. Vulnérable. Mise à l’épreuve.

S’il fallait que je déçoive ces fameux invités de marque, soit les personnes les plus importantes de ma vie : mon fils, mon amoureux, ma famille, ma belle amie et bébé à venir.

La peur de décevoir s’intensifie en devenant parent. Lire le mépris dans les yeux de sa progéniture : la blessure assassine.

S’ajoutent à cela la peur de déranger, de causer de l’inconfort aux gens de mon entourage. Éprouver leurs malaises. Porter à bout de bras leur inconstance. Croire que j’en suis responsable. Que j’en suis la source.    

Ça fait beaucoup d’appréhensions pour une seule et même personne.

Ce sont d’ailleurs ces appréhensions qui m’ont poussée, il y a un peu plus d’un an, à faire quelque chose pour moi : prendre des cours de chant. Hier, j’ai participé au spectacle de fin d’année. Au moment de livrer ma prestation, je me suis mise à penser à tout le monde, excepté à moi. Dans ma tête, les visages défilaient :

Ce qu’il reste de nous un vélo abîmé;
Ce qu’il reste de nous des rapports tendus;
Ce qu’il reste de nous plusieurs coups de téléphone;
Ce qu’il reste de nous tes 50 ans du mois passé;
Ce qu’il reste de nous un bébé à venir;
Ce qu’il reste de nous une amitié profonde;
Ce qu’il reste de nous de l’incompréhesion…

J’ai cassé ma voix.


Je n’ai pas la prétention de croire que je possède une grande voix, mais toutes ces émotions mélangées ont eu raison d’elle. Et, dans sa tête d’enfant, Raph s’attendait à voir sa maman telle une diva. Il a été déçu. Il me l’a dit. Ça m’a blessée. Il a regretté. Ça m’a quand même blessée.

Ce qui devait arriver, arriva. J’ai ressenti le mépris de ma progéniture. Et bébé à venir en a pensé quoi ? Et mon amoureux ? Et maman, papa, grand frère, belle amie ?

Au fond, la question que je devrais me poser est : qu’est-ce que moi jen ai pensé ? L'opinion des autres avant la mienne. Et, voilà que pour cela, je vis une grande déception au lendemain de ce concert. À cause de qui exactement ? Par ma faute. J’ai oublié de m’amuser. À la place, j’ai pensé à mon amoureux qui était en train de rater son match de hockey afin d’assister à mon spectacle. J’ai stressé pour mes parents qui se remettaient de la soirée des 75 ans de mon père, fête célébrée la veille à la maison et à l’occasion de laquelle j’avais préparé un grand souper pour 15 personnes, dans l’espoir que tout le monde s’amuse. Mais, il n’y a rien de parfait… Je me suis aussi tracassée pour mon fils qui devait commencer à trouver le spectacle un peu long. 

Et maintenant, je fais quoi ? J’ai une leçon à tirer de cette expérience et j’en ai probablement une à donner à mon fils. À première vue, je serais portée à lui conseiller de ne jamais s’oublier. Il serait grand temps que je fasse de même d’ici l’arrivée de bébé. 


Telle est ma quête.