Souvent, les expressions toutes faites me font ni chaud ni froid : Y’a rien qui arrive pour rien, un de perdu
dix de retrouvés, toute vérité n’est pas bonne à dire. Trop convenu pour moi.
Après tout, chaque cas est unique. Et pis, il n’y a rien de réconfortant
là-dedans. C’est même plate à entendre.
Cette semaine, on dirait que Raph a
appliqué la formule « Ce qu’on ne sait pas ne nous fait pas
mal ». Il y avait fort longtemps
qu’il n’avait pas manifesté le désir d’avoir un petit frère ou une petite sœur.
Avec l’été vient le voisinage qui se pointe le bout du nez dehors. Jouer avec
les enfants du quartier a probablement ravivé ce désir en lui. Donc, comme nous
étions dans le vif du sujet, j’en ai profité pour tâter le terrain :
- Est-ce que tu sais comment on
fait les bébés?
- Non!
Long silence.
Regard détourné.
Malaise.
Ça été la seule réponse de Raph :
Non! Comme tous les enfants normaux et
curieux, il n’a pas voulu savoir. Pas même un iota de curiosité.
Mais, son ton
catégorique cachait quelque chose. Je suis convaincue qu’il se doute bien de
comment on fait les bébés. Pire, il le sait clairement. Cependant, il y a des
vérités qu’on préfère ne pas entendre. Des réalités qu’on ignore volontairement.
Il faut dire qu’à neuf ans, on trouve les
filles dégueues alors imaginer qu’on puisse les embrasser et… ARK!
Profites-en mon enfant pendant que tu
peux encore te préserver de ce qui te « dégoûte ». Quand on devient
adulte, c’est plus difficile de faire "comme si" "l’horreur" n’existait pas.